De Mazatlán à Mexico City

Il y a des traversées en ferry qui sont agréables et d’autres qui le sont beaucoup moins, et celle qui nous mène de La Paz à Mazatlán appartient sans aucun doute à la deuxième catégorie. Le trajet qui devait durer 13h a finalement duré 25h à cause d’un problème de moteur qui nous a scotché pendant environ 7h au milieu de la mer de Cortez, mais on est finalement bien arrivés à Mazatlán. Nous ne passons qu’une nuit dans cette ville très animée, avant de prendre la route pour San Blas.

Les cactus du désert de Sonora ont laissé place à une végétation quasi tropicale où se mêlent palmiers, bananiers, manguiers, avocatiers et autres arbres à café. C’est dans ce décor qu’une route sinueuse nous mène jusqu’à la petite ville de San Blas, au bord de l’océan Pacifique. La ville a été fondée au cours de la colonisation espagnole. Le port de San Blas était un des plus importants de la Nouvelle-Espagne et il a été le point de départ d'un grand nombre d'expéditions dans le Pacifique. On y trouve de belles plages de sable fin, et un grand choix de restaurants où déguster de délicieux poissons et autres fruits de mer, dont la spécialité locale: El Pescado Zarandeado. Nous visitons également La Tovara, une zone de canaux naturels, de mangroves et d'estuaires, où l’on peut observer des crocodiles. Attention à ne pas oublier l’anti-moustiques, car dans cette zone, comme dans tout San Blas, les moustiques appelés moucherons abondent.

Après 2 jours à San Blas, nous reprenons la route en longeant la côte jusqu’à Puerto Vallarta. Quel contraste !! Alors que San Blas a su garder un esprit et un caractère mexicain, la ville et les alentours de Puerto Vallarta sont devenus une espèce d’enclave américaine où le dollar et l’homosexualité s’étalent sans retenue… Quel dommage de voir le contraste entre l’arrogance du billet vert et la sincérité et la gentillesse de ce peuple mexicain que les ricains considèrent à leur service. Personnellement je n’adhère pas du tout et on ne va pas s’éterniser dans ce lieu où tout est 3 fois plus cher que dans le reste du pays !

En quittant Puerto Vallarta, on fait un arrêt à la Parroquia de Nuestra Señora de Guadalupe, l’église emblématique de la ville. Nous prenons ensuite la direction de Guadalajara, par une belle route qui serpente dans les montagnes. On se rapproche de la région de Tequila et on commence à voir les premiers champs d’agave… Nous sommes attendus pour la nuit chez Miguel Urista à Etzatlán. Miguel nous héberge dans son repaire qui a vu défiler des dizaines et des dizaines de motards en route dans la région. Il y a quasi tous les pays du monde, mais nous sommes les premiers suisses !! On reconnaît les signes du passage de Didier et Nelly, 2 nomades à moto qui nous ont mis en contact avec Miguel.

Halte obligatoire à Tequila, qui est le lieu de production de l’alcool du même nom. La ville se trouve au pied du volcan Tequila à qui elle doit son nom. En plus d’un tour sur la place centrale, nous y visitons la Fábrica la Rojeña, qui est la plus vieille distillerie d’Amérique Latine et qui produit de la tequila depuis plus de 250 ans. La Tequila est produite exclusivement à partir d'une plante nommée Agave tequilana, ou Agave bleu (contrairement au mezcal qui peut être produit à partir d'autres espèces d'Agave). Pour obtenir l'appellation «tequila», la production doit avoir lieu dans l'État de Jalisco et dans quelques municipalités des États voisins. L’Agave bleu ne fleurit qu'une fois au cours de sa vie puis meurt. La floraison se produit au bout d'une dizaine d'années, donc un cycle extrêmement long. Pour produire la tequila, le cœur de l'agave, riche en sève sucrée, est récolté une seule fois par plante, juste avant la floraison. Le procédé traditionnel commence par la cuisson des agaves pour convertir leurs amidons en sucres. Les cœurs ou «piñas» sont ensuite broyés et déchiquetés pour libérer leur jus. Ce liquide, appelé aguamiel, est ensuite fermenté et distillé. La distillation est double, comme celle du cognac. Il existe cinq sortes de tequila officiellement reconnues, en fonction de la durée du vieillissement : Blanco (pas de vieillissement en fût), Joven (quelques semaines en fût de chêne), Reposado (au moins 2 mois en fût), Añejo (au moins 12 mois en fût) et Extra añejo (au moins 36 mois en fût). C’était une visite très intéressante agrémentée d’une dégustation, et j’espère que ce petit bla-bla sur la tequila ne vous aura pas trop ennuyé… Et dans tout les cas santé à tous !!

Nous passons ensuite 2 nuits à Guadalajara, dont une journée entière dédiée à la visite de cette ville magnifique. Avec aussi un passage obligé à la lavanderia afin de laver nos tenues de moto qui en avait grandement besoin. Cette ville coloniale de plus de 4 millions d’habitants, la seconde du pays après Mexico City, regorge de vie, de couleurs, de culture et de traditions. Nous faisons un tour dans le quartier de l’université où il y a une place avec une belle église et également le musée des arts de l’université que nous visitons. Nous allons ensuite dans le centre historique de Guadalajara avec ses monuments à l’architecture coloniale, ses grandes places animées, les vendeurs de rue, les statues et l’édifice incontournable et symbolique de la ville: la cathédrale de Guadalajara. Nous déambulons dans les rues du centre ville et passons l’après-midi au contact de cette population accueillante et chaleureuse, à humer les effluves qui se dégagent des différents stands et à regarder cette fourmilière humaine qui respire la bonne humeur et la joie de vivre…

Nous quittons Guadalajara vers le sud et le lac de Chapala, que nous longeons durant une bonne partie de la journée en passant entre autres par les villages de Chapala, Mezcala et Jamay. Le tronçon d’une quinzaine de kilomètres qui passe par le petit village de Mezcala est très pittoresque, avec un revêtement plutôt aléatoire fait de vieilles pierres, style pavés du siècle passé. Il longe la rive du lac et permet de côtoyer les habitants dans toute leur authenticité. C’est dans le village de Jamay que je profite de la pause repas pour faire laver la Salamandre dans un petit garage contre quelques pesos. Elle aussi en avait bien besoin… Le lac Chapala est le plus étendu du Mexique avec une superficie de 1100 km2 (2 x le lac Léman), par contre sa profondeur ne dépasse pas les 10 mètres, ce qui est assez particulier. C’est le troisième plus grand lac d'Amérique latine, après le Lac Nicaragua et le Lac de Managua.

Un aspect des routes mexicaines que je n’ai pas encore abordé sont les fameux et dangereux Topes. C’est ce qu’on appelle chez-nous des dos d’âne ou des gendarmes couchés. Ici ils poussent un peu partout, principalement dans les zones d’habitations, mais pas seulement. Ils sont parfois annoncés par un panneau spécifique, mais la plupart du temps c’est à toi d’être attentif. Et comme ils sont souvent très prononcés, ça peut faire de mauvaises surprises, surtout à moto. Donc vigilance permanente et attention aux Topes !!

Nous traversons ensuite la Sierra de Pénjamo en direction de Guanajuato, une ancienne ville minière qui est aujourd'hui connue pour son centre historique classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. C’est une ville coloniale située à 2000 mètres d’altitude, avec des maisons colorées qui s’imbriquent sur le flanc de la montagne. La ville est également connue pour être la ville de naissance de Miguel Hidalgo y Costilla, père de l’indépendance du Mexique contre les espagnols.

Nous déambulons dans les ruelles escarpées et sur les places du centre historique, à admirer les divers édifices et monuments de style baroque. Nous faisons également un tour au Mercado Hidalgo, le marché couvert de l’endroit. C’est une belle petite ville très colorée, avec une atmosphère joyeuse, accentuée par la gentillesse des mexicains et les nombreux petits bars locaux. Comme la pluie est annoncée, on prolonge d’une nuit notre séjour et on profite de la deuxième journée pour explorer les dédales de cette ville magnifique. On emprunte le funiculaire qui nous emmène sur les hauts de la ville pour un panorama superbe sur ces maisons multicolores agrippées à la montagne. Puis on se promène autour des bâtiments de l’université, l’une des plus célèbre du Mexique pour sa faculté de sciences économiques et politiques. Le tout entrecoupé de quelques poses boisson et repas dans l’un ou l’autre des innombrables établissements du centre ville.

La pluie d’hier a bien rafraîchi l’atmosphère et c’est par un petit 7 degrés que l’on quitte Guanajuato par une route de montagne qui doit nous mener jusqu’à San Miguel de Allende. Au sommet du col, le soleil laisse subitement la place à un épais brouillard et la température chute brusquement jusqu’à 4 degrés. Ça nous rappelle les températures de la Suisse à cette période de l’année… Heureusement que ça ne dure que quelques dizaines de kilomètres, mais nous sommes bien content d’arriver à San Miguel de Allende que nous visitons rapidement avant et après la pause repas. Cette ville fortifiée est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et son symbole est la magnifique église de San Miguel, de style baroque mexicain. Ses ruelles en pentes revêtues de vieux pavés mal assemblés lui donnent beaucoup de charme, mais c’est un stress permanent de rouler la dessus à moto.

Nous reprenons la route et arrivons en fin d’après-midi à Santiago de Querétaro, une autre ville magnifique dont le centre historique est également classé au patrimoine mondial de l'Unesco pour son architecture coloniale. Nous nous baladons dans le centre-ville où il y a plein de décorations de Noël et d’animations les plus diverses. Nous avons même droit à des danses folkloriques mêlant les cultures aztèques et hispaniques.

Ces deux villes mériteraient qu’on y consacre plusieurs jours et nous reviendrons très certainement dans quelques semaines, mais demain nous mettons le cap sur Mexico City où nous sommes attendus par Bernard et Joëlle, un couple d’amis avec qui nous allons passer quelques jours de vacances.

Après 8 mois de voyage, ça fait vraiment du bien de revoir des amis et de trinquer tous ensemble avec un excellent Chasselas !! On passe ensuite la grande partie du deuxième jour à récupérer la voiture de location et à emmener la Salamandre en lieu sûr, où elle restera au repos pour 3 semaines chez notre ami Gabriel. Un aller-retour de 30km dans le trafic de Mexico City, ça prend environ 4 heures. Je dis ça pour certains qui se plaignent quand le trajet de Luins à Gland dure plus que 5 minutes. Je ne cite personne mais ceux qui le connaissent l’auront reconnu… On termine la journée par un magnifique repas agrémenté par de sublimes vins mexicains. Et je m’abstiendrai de parler de la facture, qui n’avait plus qu’un très lointain rapport avec le Mexique…

De Mazatlán à Mexico City

Précédent
Précédent

Une boucle de 3 semaines en voiture

Suivant
Suivant

La Basse Californie